Le bonheur est une petite merde insaisissable.

C’est pourquoi, lorsque le rapport annuel des Nations Unies sur le bonheur dans le monde est publié chaque année, on le dévore tout cru.

Le rapport liste, dans un ordre parfaitement séquentiel, des pays les plus heureux du monde jusqu’aux pays les moins heureux du monde et vous explique ensuite tout un tas de choses scientifiques sur la manière dont elles sont parvenus à cette conclusion.

Le rapport mondial sur le bonheur 2024 est sorti le mois dernier, et, comme le veut le protocole, on l’ouvre et on se dit … wow. Tout simplement WOW.

Tout d’abord, oui, bien sûr, le COVID a toujours un impact sur le bien-être subjectif. Même si, ce qui n’est peut-être pas surprenant, les pays sont restés relativement au même rang.

Ensuite, attention spoiler : la Finlande a été classée comme le pays le plus heureux du monde… une fois de plus ! C’est la septième fois qu’elle occupe la première place, suivie respectivement par le Danemark, l’Islande, la Suède et Israël.

Mais surtout, vous savez ce qui nous a vraiment fait dire « wow » ? CETTE LIGNE LÀ :

« On estime que le sentiment que votre portefeuille perdu vous sera rendu s’il est retrouvé par un policier, un voisin ou un étranger est plus important pour le bonheur que le salaire, le chômage et les risques majeurs pour la santé« .

EUH ?

Il s’avère que la confiance, les systèmes de soutien social et la capacité à compter sur les autres (en particulier sur les institutions publiques) ont un impact majeur sur la manière dont nous évaluons notre vie. Particulièrement en cas de crise.

Ça explique pourquoi les pays où règnent la violence et la corruption arrivent en fin de peloton, et l’Afghanistan en dernière position. Ça explique également pourquoi les pays scandinaves continuent de mettre la pâtée à tous les autres : ils font en sorte qu’il soit impossible pour leurs habitants de passer entre les mailles du filet.

Voici quelques exemples de ce que la Finlande peut se vanter d’offrir :

  • Université gratuite
  • Écoles supérieures gratuites
  • Programmes de doctorat gratuits
  • Soins de santé gratuits
  • Garde d’enfants gratuite
  • Congé parental payé pendant sept mois (ou le double, si vous êtes un parent célibataire faisant le travail de deux personnes) pour TOUS les parents, quel que soit leur sexe ou le fait qu’ils soient les parents biologiques de l’enfant.
  • Un salaire moyen de 65 000€
  • Trois semaines de congés payés obligatoires (vous accumulez 2 jours de congés par mois de travail à temps plein)
  • 15 jours de congés payés supplémentaires
  • Pratiquement pas de pauvreté chez les enfants
  • Le pays est considéré comme le plus sûr au monde.
  • 80 % de leurs lacs ont une eau propre, jugée bonne ou excellente.
  • Une femme Première Ministre millenial, progressiste et âgée de moins de 40 ans, qui a déclaré que la Finlande était plus à même de réaliser le rêve américain que l’Amérique (elle n’a pas tort).
  • À ce propos, quatre de leurs cinq principaux dirigeants politiques sont des femmes millenial, et la cinquième est une femme de la génération X.

On a toujours été impressionné·es par la Finlande, mais on l’est encore plus après le spectacle de merde de ces dernières années, avec 2020 comme point d’orgue. La plupart des pays d’Europe et les États-Unis sont dirigés par une bande de blancs obèses qui ont atteint leur apogée pendant leurs années de lycée, et on l’a toujours su, mais on n’a jamais réalisé à quel point ça nous affectait. Si un seul autre ultra-riche et déconnecté essaie encore de nous dire à quel point il est « blessé » parce que ses impôts vont augmenter et qu’il ne pourra pas prendre sa retraite avec 3 000 milliards d’euros au Costa Rica, mais seulement 2 800 milliards ; et comment va-t-il payer sa copine prostituée dont sa femme, restée au pays pendant 30 ans, ne sait rien ? On jure qu’on va lui arracher son chapeau de la tête et l’asphyxier avec. Oui, il y a beaucoup de ces personnages qui affluent au Costa Rica, ces dernières années, avec un énorme poil dans la main, pensant qu’ils « échappent au gouvernement de leur pays ». Il y a aussi beaucoup de vieux sales et dégoûtants qui trompent leurs femmes.

En bref, les pays capitalistes ont fait ce qu’ils avaient prévu de faire : être les pays les plus riches du monde. Les États-Unis, par exemple, ont fait ce qu’ils voulaient : être le pays le plus riche de la planète. Mais… à quel prix ? Les États-Unis ont littéralement doublé leur revenu par personne au cours des 40 dernières années, et pourtant, ça n’a pas augmenté le bien-être subjectif de leur population… du tout. Pas même un tout petit peu !

Parce que… roulement de tambour :

PLUS D’ARGENT NE REND PAS PLUS HEUREUX.

BAISSER LES IMPÔTS NE REND PAS PLUS HEUREUX.

ET LES PAYS LES PLUS RICHES NE SONT PAS LES PLUS HEUREUX.

Au contraire, les pays les plus heureux sont ceux qui accordent la priorité aux personnes, et non aux profits. Car, fun fact, lorsque les gens sont heureux, ils sont aussi plus productifs… et les bénéfices viennent naturellement.

On se demande alors ce qui se passerait si le bonheur d’une personne était aussi évident que sa richesse. Que se passerait-il si, par exemple, le fait de conduire un certain type de voiture était un indicateur de bonheur ? Que se passerait-il si, au lieu d’avoir des comptes bancaires qui ne mesurent que l’argent, on avait des comptes bancaires qui mesurent notre degré de satisfaction sur la vie ? Et que se passerait-il si ces informations étaient collées sur nos fronts, de façon claire et visible pour tous ceux et celles qui nous entourent ?

  • Léa Martin : Score de qualité de vie : 14/100
  • Emma Dubois : Note de qualité de vie : 8/100
  • Camille Lambert : Note de qualité de vie : 55/100 (oooh, cette Camille doit faire quelque chose de bien !)

Se soucierait-on davantage des choses qu’on devrait faire ? Se concentrerait-on sur ce qui est vraiment important ? Prêterait-on attention aux choses que la Finlande fait déjà ?

Après tout, comme dit l’adage : « ce qui est mesuré est pris en compte ».

Mais aujourd’hui ? La seule chose que nous sachions mesurer, c’est l’argent qu’on ramène à la maison…

…même si, une fois sur place, on déteste tout de notre vie.

Crédit photo : Stan B